Attribution de la 4ème licence de téléphonie mobile : Minoration du coût d’attribution au moins disant

En minorant le coût, ramené à 20 milliards Fcfa contre 50 pour la 3ème licence en dépit du potentiel technologique décuplé et en choisissant un postulant moins-disant, par ailleurs dépourvu de projet industriel avéré, l’attribution de la 4ème licence de téléphonie mobile, annoncée par la Ministre de l’Economie numérique, prend les allures d’un nouveau scandale en gestation sous l’ère IBK !
La Ministre de l’Economie numérique, Kamissa Camara, l’assure chez nos confrères de L’Indépendant : «Tout le travail qui devait être fait est terminé… Il reste à la hiérarchie de prendre la décision d’attribution… ». Une assurance qui contient pourtant un détail dans lequel se cache le diable de cette affaire d’attribution d’une nouvelle licence à un quatrième opérateur de téléphonie mobile, après les mastodontes du français Orange-Mali du Marocain Malitel entre lesquels tente de trouver son chemin, le nouveau-venu Télécel du Burkinabé Apollinaire Compaoré. En ajoutant qu’il «reste à la hiérarchie de prendre la décision d’attribution», l’ancienne activiste et égérie des CDR met cependant un bémol en renvoyant la balle dans le camp de ses patrons, subodorant ainsi, comme un certain SBM, que ‘’les options de ce marché’’, sont convenues ailleurs.
Le ‘’poncepilatisme’’ de l’ancienne conseillère diplomatique du Chef de l’Etat, qui apparaît en filigrane dans ses propos, laisse entrevoir toutes les irrégularités qui pourraient entacher ce dossier. Ceci risque d’empoisonner un peu plus un climat malien par trop délétère parce que justement propice aux nombreux scandales éclaboussant le sommet de l’Etat. Car en effet, la quatrième licence est un véritable serpent de mer, par le fait que c’est un dossier poussiéreux qui a longtemps traîné dans les tiroirs avant de sortir soudainement pour faire l’objet de convoitises aujourd’hui vivement attisées. Deux postulants, l’Algérien Mobilis et le malien Cesse Komé, se crêperaient le chignon autour d’un gâteau, derrière lequel cependant halètent plusieurs protagonistes, cadres de départements ministériels et politiques disposant plus ou moins d’appuis en attente de retour de commissions. Dont le montant pourrait très bien dépasser le produit de l’attribution, qui est contenu dans une fourchette plus que scandaleuse.
Scandaleuse Minoration du prix
En effet, la commission d’attribution, présidée par M. Maïga, ‘’ Gilbert’’, le secrétaire général du département de l’Economie numérique, par ailleurs un aîné et confrère, aurait décidé d’octroyer la 4ème licence pour la modique somme de 20 milliards Fcfa. Là où se situe le scandale, c’est déjà dans ce montant convenu. La troisième licence avait en son temps été attribuée à quelques 50 milliards Fcfa. Comme on s’en souvient, à l’époque des voix s’étaient élevées pour trouver cette somme trop juste, voire peu en rapport avec le potentiel lié au secteur et son développement exponentiel. A cet effet d’ailleurs, l’Etat avait tenté de reprendre la main en tergiversant et avait fait l’objet d’instances judiciaires et de lourdes condamnations par certains des postulants, dont les conseils s’étaient pourtant retrouvés par la suite, et encore que les affaires étaient pendantes devant les juridictions, à des niveaux importants de l’exécutif. Cette position leur permettant en effet d’influer favorablement sur le cours des affaires en faveur de leurs clients. Qui, pour certains, l’avaient d’ailleurs emporté sur l’Etat, dans ce mélange des genres dont IBK est coutumier ! Dans ces diverses procédures, le nom de Cesse Komé revenait invariablement que l’on retrouve à nouveau dans le dossier de la 4ème licence.
Au moment de l’attribution de la troisième licence pour cinquante milliards Fcfa, c’est la 3 G qui était le nec plus ultra de la connexion Internet. Or, actuellement, la 4G est déjà dépassée et la 5G s’impose de plus en plus, en dépit des résistances suscitées par les Etats-Unis. Comment dans ces conditions, peut-on fourguer à si vil prix une licence de téléphonie mobile ainsi ramenée au rôle de camelote de bas de gamme et qui n’a plus rien à envier à la bonne vieille analogique ? Aujourd’hui, avec les enjeux de la 5ème génération de connexion haut débit et le formidable potentiel technologique lié à cette innovation numérique, la 4ème licence vaut cinq fois plus que les vingt (20) milliards Fcfa auxquels Kamissa et son staff entendent la céder.
Vers le choix du moins-disant ?
Le hiatus, dans cette affaire est que c’est Cesse Komé qui semble bien placé pour l’emporter sur Mobilis, alors que les sources assurent qu’il serait moins-disant. Peut-on invoquer un patriotisme, mais alors de très mauvais aloi, qui voudrait qu’il faut privilégier un opérateur national, quand c’est la qualité de l’offre technique et le rapport qualité-prix pour le citoyen consommateur qui devrait l’emporter ? Le fait est que bien qu’acteur économique important de la place, Cesse Komé n’en demeure pas moins plus enclin aux instances judiciaires qu’à développer un secteur où le projet industriel l’emporte dans le long terme sur les dividendes immédiates à empocher. Or, le richissime opérateur, qui surfe sur une vaste palettes d’affaires dont l’hôtellerie, n’en draine pas moins une sulfureuse réputation de procédurier escomptant de rapides gains des contentieux engagés. Aussi, des réserves sont-elles émises pour s’interroger si d’aventure Cesse Komé ne serait pas qu’un cheval de Troie d’intérêts qui ne gagneraient pas à être portés sur la place publique du partage du gâteau malien en cours en guise de gouvernance. Par ailleurs, nous assure une source proche du dossier, Komé, par rapport à l’Algérien Mobilis, serait nettement moins-disant, en attendant que la commission d’attribution présidée par notre aîné Gilbert ne se décide à une transparence totale, en diffusant le rapport et surtout les propositions des parties concurrentes.
Au-delà, Komé, déjà cité dans le cadre de l’attribution de la 3ème licence, dispose-t-il d’un projet plus innovant que Télécel d’Apollinaire Compaoré auquel il aurait été proche ? Car en la matière, c’est la proposition de potentialités et d’innovation qui constituent l’architecture de l’offre technique et qui feraient pencher la balance de l’offre financière. Mais de là à rogner aussi considérablement sur le patrimoine de l’Etat, il y a une marge déjà de trente milliards que l’ancienne chef de la diplomatie, décidément plus activiste que professionnelle institutionnelle, devrait expliciter.
Qui ne se retrouve pas sur les tablettes de CNN !
Yaya Traoré/La Révélation
Kamissa là n’est pas à la hauteur de la négociation d’un tel marché