Corruption au Mali : À qui la faute?

Les Maliens sont-ils condamnés à être corrompus? La corruption est-elle une habitude si bien ancrée qu’on ne pourra jamais l’extirper d’un Mali moins développé?
Telles sont les questions qu’on pourrait se poser maintenant autour de ce phénomène de société qui est purement ancré dans tous les secteurs de développement au Mali. Jusqu’à ce que pour la majorité des Maliens, cela n’est qu’un secret de polichinelle. Ce, à qui la faute? Et comme le dit l’adage << Un chien qui a double appel dans ses oreilles ne prendra pas un seul chemin de champ>> C’est le cas des Maliens, non seulement ils sont condamnés à être corrompus, mais aussi la corruption est devenue une habitude qui est bien ancrée dans le vécu des Maliens au point qu’il est difficile à extirper notre pays qui reste confronté à un problème de développement économique et durable.
Pour Mahamadou B. Fofana, professeur de philosophie, « la corruption ne peut pas être combattue chez nous. Non seulement, elle fait partie de la démocratie en Afrique, mais encore ça devient un moyen commun pour beaucoup de citoyens de pouvoir faire ou régler leurs affaires librement et rapidement là où leurs affaires sont imprévues ou lentes à être réglées. Cela, il est franchement difficile de donner tort à une seule partie ». Enfin, M. Fofana a tenu à appeler chaque Malien à plus de patriotisme afin et à chercher à connaître ses devoirs et droits avant d’agir.
Quant à H. Traoré, responsable d’une organisation citoyenne, il s’insurge contre certains courants d’opinions. « D’aucuns disent qu’on ne peut pas combattre la corruption chez nous, d’autres disent que nous sommes tous corrompus. Et face à cette opinion, j’invite les populations à ne pas tomber dans le fatalisme », a-t-il dit. Avant d’estimer que la corruption a pour but d’enrichir son auteur, si cela est vrai, la majorité des Maliens sont obligés d’être corrompus. « Car, pour preuve, lorsqu’on fait descendre les passagers d’un bus avec des armes pour leur demander d’aller au poste de contrôle et payer l’argent selon qu’ils sont citoyens ou pas mais l’argent payé n’est inscrit nulle part, ça entre dans la corruption. Encore dans un bureau, quand la secrétaire te dit qu’il y a trop de dossiers et on ne croit quand est-ce que ça pourra être traité. C’est une incitation à ce qu’un citoyen lambda fasse un cadeau pour qu’elle puisse faire entrer son dossier et ça aussi entre dans la corruption. En fait, ces deux cas précisément prouvent que la faute à des dirigeants. Mais, malgré toutes ces contraintes, les citoyens sont taxés deux fois (corrupteurs et corrompus)
À en croire Mme Tangara D. Berthé, enseignante à la retraite, la corruption n’est pas aujourd’hui un phénomène au dessus de la compétence des Maliens. C’est maintenant que cela est devenu un virus dans le sang des Maliens, c’est la raison pour laquelle, tous les domaines de développement économique, durable et social dans le pays sont confrontés à des difficultés auxquelles s’ajoute la duplicité administrative et celle des citoyens. Puisque la faute n’appartient à personne. Pour cela, Mme Tangara a invité tous les Maliens à avoir le sens du bien public pour que tout le monde soit libre.
Source: L’Oeil du Mali