Taxation sur les importations d’Or : Récupérer les taxes sur les importations de bijoux en or

Emirats Arabes Unis Photo © 2004 Richard Soberka - http://www.photoway.com/

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, aucun président ne s’est véritablement embarrassé du fait majoritaire à l’Assemblée nationale pour nommer ses Premiers ministres. De facto, les Premiers ministres se retrouvent toujours à la tête de gouvernement dont de nombreux membres pèsent politiquement plus lourds qu’eux et sur lesquels, ils ont très peu d’emprise hiérarchique autre que protocolaire, ou avec des ministres qui ont autant, sinon, plus d’affinités personnelles avec le président de la République qu’eux. 

L’explication de cet état de fait se trouve dans la nature de l’architecture institutionnelle et de la pratique démocratique au Mali, si fait qu’un Premier ministre n’a véritablement de marge de manœuvre au sein du gouvernement que lorsqu’il a la haute main sur les finances publiques du pays. Le 1er Premier ministre, avoir pu s’aménager cette marge, fut Modibo Sidibé qui put obtenir d’ATT de faire nommer successivement des proches à lui au ministère des finances.

Le Premier ministre «pleins pouvoirs» avait également pu choisir son ministre des finances, il fut le deuxième cas. Enfin, Boubou Cissé, fort de son expérience de presque 6 ans passées au gouvernement dont 3 aux finances, a compris qu’il ne pourrait rien accomplir de significatif de manière autonome, s’il ne tenait pas le cordon de la bourse de tout le gouvernement. Il cumule pour la première fois dans l’histoire du Mali les fonctions de Premier ministre et de ministre des finances.

Ces activités, décisions et tournées qui donnent lieu à des reportages télévisés, sont certes importantes, mais le sont plus encore ses décisions sur l’élaboration et l’exécution du budget d’Etat, sur le contrôle des ressources allouées aux différents services publics.

Faisons crédit de bonne foi à Boubou Cissé et prenons-le au mot, après tout en tant que Malien ordinaire, je n’ai nul intérêt à ce qu’il échoue dans sa tâche. Il s’est engagé à améliorer le recouvrement des recettes fiscales et du même mouvement élargir l’assiette fiscale, aidons-le en ce sens.

De notoriété publique, des commerçantes importent de Dubaï et vendent à Bamako des bijoux en Or, et cela, depuis au moins quinze ans. Des particuliers y vont également faire leurs achats. La qualité et les dimensions de ces bijoux sans cesse croissantes sont observables tous les jours de mariage à Bamako, dans les mairies comme dans les domiciles privés. Ils sont observables sur les chaînes de télévision maliennes et les pages et groupes de réseaux sociaux consacrés à l’actualité malienne.

Pourtant, dans les statistiques douanières, aucune trace de cette fièvre de l’or. Rien que ces deux derniers mois, sur plusieurs pages Facebook, que vos services trouveraient aisément, foisonnent des photos de dames maliennes parées de bijoux en or en provenance de Dubaï, dont les propriétaires prétendent que la valeur dépasse les cent millions de FCFCA.

Un calcul rapide -que tout élève en comptabilité pourrait faire- indique que le gouvernement, en exigeant des services de douane plus de vigilance dans les contrôles et le respect des législations en vigueur, pourrait récolter tous les ans un milliard de FCFA de recettes fiscales supplémentaires. Ce qui n’est pas négligeable pour un pays en guerre et qui cherche désespérément, auprès de donateurs internationaux, de quoi financer la force conjointe du G5 Sahel pour se débarrasser des assassins qui terrorisent ses populations.   

Abdoulaye Shaka Bagayogo: L’Oeil du Mali

 

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