Anarchie et racket à l’Ecole malienne : L’AEEM exerce un chantage financier sur les promoteurs !

Ces documents sont-ils authentiques ? Nous n’en savons rien, mais si la signature peut être contrefaite, le cachet et l’en-tête font foi, comme on le dit. C’est donc par une lettre, antidatée, mais dûment cachetée et signée par son Secrétaire Général, Moussa Niangaly, que l’Association des Elèves et Etudiants du Mai, AEEM, saisit les promoteurs d’établissements, certainement privés, en décidant «d’établir un lien de partenariat avec vôtre établissement». A cet effet, explique la lettre de l’AEEM à l’endroit des promoteurs, «Pour parafer ce partenariat, vôtre établissement contribuerait avec la somme de trois cent mille francs (300.000 F) comme frais de partenariat».

L’objectif, assure l’association, est de participer au «renforcement des capacités financières» du syndicat des élèves et étudiants pour leur permettre «de prendre en charge (les) activités de renouvellement des comités locaux». Et pour ce faire, la lettre de l’AEEM précise instamment aux promoteurs : «avant tout acte de finalisation de ce partenariat, veuillez-vous assurer en appelant le S/G du bureau de coordination de l’AEEM en appelant aux numéros ci-dessus, et une fiche vous sera parvenue pour la décharge et l’émargement de ce partenariat».

Il est également joint à cette missive, une fiche portant mention de décharge et de l’identité, probablement des envoyés en mission pour collecter le fruit de cette véritable rapine auprès de ceux qui cracheraient au bassinet. Mais visiblement, la confiance règne, puisque c’est à Niangaly en personne qu’il faudrait au préalable s’adresser pour faire part de ses bonnes prédispositions à honorer cet impôt scolaire, comme la missive le précise. En somme, prendre attache directement avec Moussa Niangaly soi-même et non à personne d’autre.

Les lecteurs se sont certainement fait depuis longtemps une religion quant au niveau lamentable de l’école malienne. Il n’est donc pas étonnant, comme un paraphe est d’importance en la matière, qu’il faut ‘’parafer’’ ce partenariat, au nom de ‘’vôtre’’ établissement à la suite de quoi, plus tard, une fiche ‘’vous sera parvenue’’. Nous soulignons quelques perles de ce langage à nul autre pareil. Mais une ‘’personnalité’’ de l’envergure de celui qui préside aux destinées de l’unique structure de défense de l’intérêt des élèves et étudiants du Mali, et donc de la promotion de l’école malienne (on hésite à parler de ‘’promotion de l’excellence’’), aurait pu épargner aux maliens et au reste du monde un tel spectacle qui n’honore ni l’école malienne, ni les enseignants encore moins les apprenants eux-mêmes.

Racket ou militantisme scolaire ?

Quant à ce supposé partenariat, il n’est certes pas juridiquement interdit ce type de relation entre une association relevant de la Loi 1901, et des structures, pour une sorte de sponsoring. Mais dans les faits, cette initiative de l’Association des élèves et étudiants du Mali constitue un chantage en règle. En effet, grâce aux précisions mêmes apportées par son Secrétaire général, la saisine des promoteurs aux fins de paiement spécifiquement mentionné apparaît comme un racket, moralement abject et même juridiquement punissable au terme de la règlementation en vigueur.

Le délit est constitué dans la contrepartie que l’AEEM offre aux promoteurs qui accepteraient de payer ce véritable ‘’impôt’’.

Ainsi, Moussa Niangaly assure aux promoteurs d’établissements privés d’enseignement que : «Vôtre établissement sera épargné de la mise en place d’un comité local et bénéficierait d’une assistance directe du bureau de coordination». Le fait même de présenter cette garantie, comme quelque chose à leur épargner, fait nettement ressortir le caractère mafieux de l’AEEM et fait apparaître la nature réelle de son ‘’impôt’’ comme le produit d’un véritable racket. En somme, payer garantit aux promoteurs qui s’y plient de voir épargner à leurs établissements l’installation d’un comité local de l’AEEM. Un comité local n’est donc rien moins qu’une calamité dont les promoteurs doivent se prémunir en s’engageant dans un partenariat payant avec la direction du syndicat scolaire. En définitive, l’établissement ayant acquitté ce racket sera directement administré ou supervisé par le bureau de coordination et non plus par ses suppôts dont on sait qu’ils sont une bande de cancres, aux méthodes de véritables voyous, n’hésitant pas parfois au couteau, à la machette et même avec des armes à feu, à faire régner la terreur au sein des écoles.

On comprend pourquoi l’espace scolaire est devenu au Mali une zone de non-droit, véritable jungle où règne le racket à tous les niveaux et même des enseignants eux-mêmes. Des examens aux notes (parfois sexuellement transmissibles), aux cours des professeurs grossièrement imprimés et vendus à prix d’or, contre l’achat desquels sont conditionnées les corrections et l’obtention de notes susceptibles de faire passer en classes supérieures (et non pas la réussite aux examens), en passant par une simple inscription pour participer à un concours auquel il n’est pas forcément sûr d’être admis (comme un reportage de L’Essor l’a démontré il y a peu concernant l’UIG), l’école malienne, à tous les niveaux, est organisée et tenue en main par une vaste mafia pour qui seul compte l’argent à débourser. Il y a visiblement longtemps que l’Etat, à la suite de la morale et de l’éthique, a déserté les cours de récréation et les couloirs des amphis. Naturellement, il n’y a pas d’autorités publiques pour protéger les promoteurs et surtout les élèves et étudiants contre cette camarilla qui obère impunément l’avenir du pays.

Ceci rappelle curieusement l’histoire, vers la années 20 et suivantes, des syndicats de transports ou de dockers aux Etats-Unis, où se sont fait la main les grandes familles de la Cosa Nostra avec plus tard, des protections assurées à coups de piolet ou de sulfateuse.

L’école malienne est donc en bonne voie pour aller… à la bonne école !

Yaya TRAORE/La Révélation

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