Présidence de la Transition:Le grand retour de Bah N’Daw !

Officier d’honneur, Colonel-major à la retraite, Bah N’Daw aura la lourde responsabilité de présider la transition consécutive à la crise politico institutionnelle que le Mali traverse depuis la démission du président Ibrahim Boubacar Kéïta. A 70 ans, l’ancien ministre de la Défense et des anciens combattants, qui prête serment ce vendredi 25 septembre en qualité de Président de Transition, a rendez-vous avec l’histoire.

C’est un message lu à la télévision nationale, le lundi 21 septembre en fin de matinée, par le président du Comité national pour le salut du Peuple, Colonel Assimi Goïta, qui révéla les noms des président et vice-président de la Transition. Ainsi apprit-on que le collège mis en place à cet effet a porté son choix sur Monsieur Bah N’Daw et Colonel Assimi Goita comme président et vice-président. Et que la cérémonie de prestation de serment aura lieu ce vendredi 25 septembre 2020.
A 72 ans (il est né le 23 août 1950) le natif de San, dans la quatrième région administrative du Mali, est un officier qui a fait valoir ses droits à la retraite. Laissant comme seuls souvenirs ses bons et loyaux services rendus à la nation sous les drapeaux !
Le 1er juin 1973, il n’a que 23 ans quand Colonel-major M’Bah Daw s’engage dans l’armée. L’année suivante, il s’envole en Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) pour suivre un stage de pilote d’hélicoptère. En mars 1976, il intègre la toute nouvelle l’Armée de l’Air. Issue de la 7è promotion de l’Ecole militaire interarmes (EMIA) de Koulikoro, il est titulaire d’un Brevet d’étude militaire supérieur en France. En 1994, il fréquente l’Ecole de guerre de Paris.
Le président de la Transition a occupé plusieurs hautes responsabilités au sein de l’Armée malienne : Aide de camp du Président Moussa Traoré, Chef d’Etat-major adjoint de la Garde nationale, Directeur du Génie militaire, Chef de Cabinet de défense à la Primature, Directeur général de l’Equipement des armées, Chef d’Etat-major de l’armée de l’air, Chargé de mission au ministère de la Défense et des Anciens combattants, Directeur de l’Office national des anciens combattants, militaires retraités et victimes de guerre (ONAC).
Ce n’est pas tout : en mai 2014, il a été tiré de sa paisible retraite dans son champ par le président Ibrahim Boubacar Kéïta pour le nommer à la tête du ministère de la Défense et des Anciens combattants suite au départ de Soumeylou Boubèye Maïga, emporté par le vent des événements tragiques survenus quelques jours plus tôt à Kidal. C’est à ce titre qu’il a signé avec son collègue français de l’époque, Jean Yves Ledrian, le Traité de coopération militaire entre le Mali et la France. Il quitte en janvier 2015 le ministère de la Défense.
Officier de l’Ordre national du Mali, Bah N’Daw avait obtenu auparavant la Médaille du mérite militaire et de celle du Mérite national. Il parle français, russe, anglais et bamanan.
Un homme d’honneur face à une guerre d’école
Au sein de l’Armée, les gens sont convaincus de sa grande intégrité, de son sens de l’honneur et de sa dignité. C’est que sur le plan moral, M’Ba N’Daou est inattaquable. Une qualité pourtant rare dans notre pays de nos jours. Ses collègues officiers et même ses subalternes le respectent pour ça.
En 1990, M’Ba N’Daou, aide de camp du général Moussa Traoré a rendu le tablier pour avoir maille partir avec la Première dame Mariam Sissoko. Capitaine à l’époque, il a infligé une sanction exemplaire à Zembla qui se livrait à des trafics d’influence. Connaissant la rigueur de son supérieur hiérarchique, l’officier en cause se rabattra sur sa protectrice d’épouse de Président de la République. La toute puissante première Dame rentra en danse pour lever la sanction, ce que l’aide de camp du président n’a pas apprécié. Il démissionna, la conscience tranquille, non sans avoir fait l’objet d’enquête sur les fonds qui lui avaient été alloués : 30 millions de francs CFA. Peine perdue, on ne trouvera rien, tout était en ordre.
En 2004 sous la présidence du général Amadou Toumani Touré, le Colonel Ba N’Daou a démissionné de son poste de chef d’état-major de l’armée de l’air, excédé par certaines pratiques en cours au sein de la grande muette. Ce départ volontaire a été mal digéré par la hiérarchie qui envoya une mission d’audit à la direction d’équipements des armées où il avait été directeur.
Au-delà de son bref passage au ministère de la défense en 2014, le président désigné de la Transition est loin des dossiers. Ce qui peut être un handicap pour une si période courte de 18 mois.
Le mariage entre le vieux et les jeunes du CNSP durera-t-il longtemps ? Colonel Assimi Goita et ses compagnons comptent-ils faire le Colonel-major à la retraite comme une marionnette ? Colonel-major à la retraite est-il un homme dépassé ? Voilà quelques questions principales ! Même si Bah N’Daou est l’une des premières personnes être consultées par les jeunes militaires du CNSP, les choses ne s’annoncent pas aussi difficile. Il n’appartient pas à la même école que les meneurs du CNSP. Après deux démissions, Bah N’Daou doit démentir l’adage : « jamais deux sans trois ».

Chiaka Doumbia/Le Challenger

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