Entre Nous: Pas de délai de grâce !

Le gouvernement du Premier ministre Moctar Ouane n’a pas eu lieu de délai de grâce comme on pouvait s’y attendre quelque peu. A peine composée, que la voilà déjà face à plusieurs fronts.

La première gifle est venue de la Plateforme des femmes leaders du Mali. Elle a organisé le 8 octobre 2020 une marche de protestation pour la violation de la Loi 2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Les féministes maliens et tous les défenseurs des droits de la femme ont été surpris du non respect de cette loi lors de la formation du gouvernement de transition. Sur 25 membres, il n’y a que 4 femmes, soit un taux de 16%.  

Reçues à la Primature par le Chef du gouvernement, les ‘’marcheuses’’ du 8 octobre voulaient faire passer un message fort pour la prise en compte de la Loi 2015-052, notamment dans la formation du Conseil national de Transition. L’organe ‘’législatif’’ doit forcément respecter cette loi pour non seulement clamer les ardeurs des militantes et militants féministes, mais aussi rassurer les partenaires techniques et financiers sur la consolidation des acquis obtenus ces dernières années dans le domaine de la défense des droits de la femme.

Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est interpellé pour être davantage attentif à la promotion des femmes issues des rangs des forces armées de défense et de sécurité. Aucune femme porteuse d’uniforme n’a été promue à un haut poste de responsabilité par le Colonel Assimi Goïta et ses compagnons. Or, les compétences existent.

La deuxième gifle est venue du Collectif des syndicats des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale qui a battu le pavé, le 15 octobre 2020, pour réclamer la libération de leurs collègues détenus par des groupes armés. Cette marche pourra être suivie d’une grève de 15 jours si les différentes parties ne trouvent pas un terrain d’entente. De nombreux administrateurs civils et agents du ministère de l’Administration territoriale ont déjà abandonné leurs postes du fait de l’insécurité qui paralyse plusieurs parties du territoire national.

A la pression des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, est venue s’ajouter cette du Comité syndical de la Santé, de l’Action sociale et de la Promotion de la femme du Centre universitaire Gabriel Touré qui a déposé un préavis de grève de 72 heures, à compter de ce mardi 20 octobre.

La troisième gifle infligée à l’équipe de Transition, la plus forte d’ailleurs, est sans aucun doute les attaques récentes des groupes djihadistes dans les régions de Mopti et de Ségou. Suite à l’attaque du mardi 13 octobre 2020 du poste des Forces armées et de Sécurité de Sokoura, Cercle de Bankass, ayant occasionné des victimes civiles et militaires, le Chef de l’Etat a décrété un deuil national de 3 jours à compter du 15 octobre.

Des informations alarmantes font état d’un siège imposé par des groupes radicaux au village de Farabougou dans la zone de Dogofry. L’option de dialogue privilégiée jusque-là par les autorités de transition n’est pas mauvaise en soi. S’il n’y a aucune honte à dialoguer avec les groupes radicaux, il faut éviter de donner l’impression que l’Etat courbe l’échine. Les Colonels du CNSP ont du pain sur la planche.

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