POLITIQUE :La Cedeao dans ses petits souliers

Après avoir abusivement sanctionné le Mali, la CEDEAO fait «amende honorable» en envoyant son émissaire, le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, le Ghanéen Nana Akoufo Ado auprès des autorités maliennes de la transition. Une visite qualifiée de soutien et de solidarité au Mali. 

Après le coup d’Etat du 18 août dernier, un climat de méfiance a prévalu entre la junte – CNSP –  et la CEDEAO. Mais le nuage est en train de se dissipent deux mois après. La CEDEAO commence à caresser le gouvernement de transition dans le sens du poil.

Le ridicule ne tue pas, mais rend tout de même ridicule. Ainsi, peut-on qualifier les agissements du syndicat des chefs d’Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Comme le roseau, le pays de Modibo Keïta plie mais ne rompt pas. Malgré la batterie de sanctions à lui infligées, le ‘’Maliba ‘’ est resté debout et n’a pas courbé l’échine. En font foi les réactions hostiles de l’opinion malienne vis-à-vis de la CEDEAO depuis l’entrée en vigueur de ses iniques sanctions suite à l’éviction du président IBK, le 18 août dernier. Après un mois d’embargo décrété à l’encontre du Mali, la charte de la transition a été adoptée avec une feuille de route claire et nette, un gouvernement de transition a été  mis en place, après la désignation du président de la transition, le colonel-major à la retraite, Bah N’Daw, du Premier ministre Moctar Ouane. Les personnalités civiles et militaires arrêtées dans la foulée du putsch ont été libérées, mais certaines restent cependant à la disposition de la justice.

C’est après toutes ces avancées que le président en exercice de la CEDEAO, Nana Akoufo ADO, a effectué le dimanche 11 octobre 2020 une visite de 24 heures dans la capitale des trois caïmans. Au cours de cette visite, il a reconnu  les progrès réalisés par le gouvernement de transition et l’a félicité  pour le travail accompli. Selon Nana Akoufo, le Mali est sur la bonne voie, les élections transparentes doivent se tenir dans le délai requis. A ses dires, il est venu saluer et témoigner de la solidarité de ses pairs au Mali en l’endroit des autorités maliennes au nom de la CEDEAO. C’était aussi pour évaluer le processus d’évolution de la transition.

 

La rencontre a été élargie aux membres du Comité de suivi de la CEDEAO, présents à Bamako, dont Jean Claude Kassi Brou. Aussi l’émissaire a-t-il rencontré les ambassadeurs accrédités au Mali.

 Seul bémol, il a déploré le retard dans la dissolution du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). A nos yeux, cela  pourrait intervenir dès que le Comité national de transition, l’organe législatif, deviendra une réalité. Selon le Premier ministre Moctar Ouane, la CEDEAO est avec le Mali.

Une chose est sûre : la résolution des problèmes du Mali relève de la seule responsabilité des Maliens et non de celle des présidents membres de la CEDEAO. Le Mali ne pourrait avaler les couleuvres de ce paternalisme.

La révolution citoyenne du M5 RFP, achevée par le CNSP, a fait frémir l’épine dorsale dans les palais présidentiels de la sous-région, notamment en Côte d’Ivoire et en Guinée. Les princes du jour craignent des effets de dominos dans leurs Etats, d’où le complot ourdi contre le Mali, sous forme d’embargo. Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Grâce aux réseaux sociaux, l’exemple du Mali a donné des ailes aux opposants ivoiriens. Le M5 RFP a expérimenté la désobéissance civile pour faire débarquer IBK.

Henry Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, les deux principaux candidats se sont unis pour le boycott actif à travers la désobéissance civile. Bédié et N’Guessan ont appelé leurs militants au boycott du processus électoral, en empêchant la tenue du scrutin électoral, utilisant tous les moyens légaux.  Guillaume Soro s’est joint à cette fronde.

En effet, nous sommes tous témoins des 3èmes mandats, en violation des lois fondamentales en Guinée et en Côte d’ Ivoire. Mais face à ces putschs constitutionnels, l’organisation sous-régionale est restée muette comme une carpe. A cause de la peur de la contagion d’une révolution citoyenne dans les pays voisins, les militaires ne sont pas en odeur de sainteté auprès des chefs d’Etat de la CEDEAO.

L’organisation supranationale ne porte pas dans son cœur les militaires patriotes du Mali, à tel point qu’elle a exigé un président civil, un Premier ministre civil, tutti quanti. A son grand étonnement, c’est un colonel-major à la retraite qui a été désigné président de la transition,  Bah N’Daw, le ministre de la Réconciliation est un colonel, idem pour celui du département de l’Administration territoriale, idem pour le patron du département de la Défense. Au niveau du cabinet présidentiel, le chef de cabinet est un colonel à la retraite. Comme elle a absolument exigé les civils aux manettes du pouvoir, les Maliens ont jeté leur dévolu sur des officiers à la retraite. Présentement ils sont civils non ?  Nul doute  que par  déformation professionnelle, ils ont des réflexes militaires.

A malin, malin et demi !

Mohamed  KONE, Correspondant à Kadiolo/Le Challenger

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