Système éducatif malien : L’AEEM, l’autre plaie !

Telle qu’elle se révèle, l’Association des élèves et étudiants du Mali -AEEM- est une plaie du système éducatif malien. Le gouvernement de Transition aura-t-il le courage de s’attaquer à ce cancer ?
Le Premier ministre, Moctar Ouane, a présidé, le 27 novembre dernier, une réunion de concertation sur la feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur la violence en milieu universitaire et son plan d’actions. C’était en présence des ministres de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l’Education nationale et plusieurs de leurs collègues, des responsables de l’université, de la sécurité nationale et d’acteurs de la société civile. Selon le Chef du gouvernement, l’école malienne, jadis enviée dans toute la sous-région, offre malheureusement aujourd’hui un triste spectacle qui «questionne sur l’avenir même de la nation». L’école, a-t-il dit, est gangrenée par une «violence endémique, entretenue et utilisée comme mode d’action par des groupes d’étudiants, qui est en passe de compromettre toutes les politiques éducatives de notre pays». «Au fil des ans, l’espace scolaire est devenu hautement criminogène ; en cela que des armes de toutes sortes y circulent, que le trafic et la consommation de stupéfiants y prospèrent, alimentant vandalismes, agressions, humiliations et viols, perpétrés au quotidien sur d’autres étudiants, sur des professeurs ou sur le personnel administratif et technique». Un véritable réquisitoire du Premier ministre Ouane contre à l’Association des élèves et étudiants du Mali, si l’on tient au compte-rendu de la rencontre publié sur la facebook de la Primature.
Au fil du temps, l’AEEM est devenue un instrument de pression aux mains de politicards de la place, érigée en une mafia qui ne dit pas son nom. Depuis 1991, parents et responsables du pays ont cédé le terrain aux élèves et étudiants qui dictent les «10 commandements» de leur éducation !
Cette « brigade criminelle » dans la cour de l’Education au lieu de se servir de leur stylo et papier comme arme pour conquérir la connaissance a, depuis 1991, transformé l’espace scolaire, haut lieu du Savoir en des aires de pugilat avec des armes létales, de bizutage des élèves et étudiants sans défense subissant sous le regard des dirigeants complaisants les sévices d’un autre âge.
Or, des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler à la dissolution de l’AEEM et inviter les autorités compétentes à créer les conditions idoines de refondation d’associations libres et apolitiques pour le monde scolaire.
L’occasion est à saisir pour dissoudre l’association «mafieuse» et repartir sur de nouvelles bases fondées sur la liberté d’adhésion et des principes ; établir des critères d’éligibilité des responsables à chaque niveau (moralité-travail-discipline-éducation) ; faire en sorte que chaque degré d’Enseignement (Primaire-Second Cycle-Secondaire et Supérieur) ait son bureau élu indépendant.
Moussa Diarra/Le Challenger