Afri’ Actu: Prise dans son propre piège

En mi-parcours de la Transition malienne, l’ex-CNSP, avec toujours à sa tête Assimi Goïta, a perpétré son second coup d’Etat militaire. Face à cette nouvelle donne à Bamako, la communauté internationale a décidé de mettre en branle ses mécanismes de sanction contre le Mali. Mais sous la menace de véto russe, le Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est d’abord contenté d’une simple condamnation. Les USA ont suspendu leur coopération militaire. Alors que la France et la quasi-totalité des pays européens, outre leur condamnation, menacent de sanctionner économiquement notre pays, si les militaires ne reviennent pas en arrière.
Toutefois, les choses se sont accélérées à Bamako, vu que la Cour constitutionnelle a décidé de mettre fin à toute éventuelle spéculation relative à la question de la présidence de la Transition au Mali. Ainsi, ce vendredi 28 mai 2021, elle a tranché, dans son arrêt N°2021-02/CC/VACANCE DU 28 MAI 2021, après constat de la vacance de la présidence de la Transition, suite à la démission de Bah N’Daw, en stipulant que le vice-président de la Transition, le colonel Goïta, « exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme », et qu’il portera « le titre de président de la transition, chef de l’État ».
Pourtant, dans la même mouvance de volonté de sanction, les chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis au Sommet, hier dimanche à Accra, pour décréter des sanctions contre le Mali afin que les responsables de la junte militaire (qui détiennent la réalité du pouvoir) respectent la Charte de la Transition. Alors que, il y a un mois seulement, la quasi-totalité de ces pays, à la fois membres de la CEDEAO et du G5 Sahel, se sont transportés à N’Djamena, sur convocation du président français Emmanuel Macron, pour légitimer le coup d’Etat militaire survenu au Tchad. Deux poids, deux mesures !
Pourquoi la CI s’acharne-t-elle contre le Mali afin que les militaires putschistes respectent la Charte de la Transition, en remettant le président et son PM démissionnaires à leurs fonctions ? Pourquoi cette même CI avait-elle décidé de fermer les yeux lorsque le fils d’Idriss Déby et une partie de ses compagnons d’armes ont ignoré la succession constitutionnelle au pouvoir au Tchad, pour s’accaparer des rênes du pouvoir ? Est-ce à dire que ce qui est normal au Tchad ne l’est pas au Mali ? En s’accommodant avec le coup d’Etat militaire du Tchad, la CI (occidentale), si elle n’est pas hypocrite, devrait avoir honte d’incriminer celui survenu au Mali. D’autant que par son appréciation à géométrie variable des évènements politico-militaires du Tchad et du Mali, elle s’est carrément prise dans son propre piège.
Au lieu donc d’imposer des sanctions à ce pays sahélien en proie au terrorisme international et aux conséquences de la pandémie de la COVID-19, la CI doit plutôt accompagner les Maliens en les laissant, pour une fois, gérer leurs problèmes. Une telle position serait beaucoup plus salutaire !
Gaoussou M. Traoré