»Entre Nous »: Des contradictoires dans une mise en scène mal ficelée

Les événements se sont accélérés le lundi 24 mai 2021 au Mali avec un bouleversement total et inattendu au sommet de l’Etat. Le processus de transition en cours depuis la démission forcée du président Ibrahim Boubacar Kéïta, a déraillé avec comme conséquence, la mise à l’écart du président de la Transition, Bah Ndaw, et de son Premier ministre, Moctar Ouane. Des divergences nées de la composition du Gouvernement II auraient conduit le désormais président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a déposé le Vieux que ses camarades du Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP) et lui-même, étaient allés chercher dans son champ, pour le nommer, de façon unilatérale, président de la Transition.
Depuis le 28 mai, la Cour constitutionnelle a, dans l’arrêt n°2021-02/CC/Vacance, installé le Colonel Assimi Goïta comme président de la Transition.
Selon l’arrêt de la Cour constitutionnelle, la lettre de démission du président de la Transition ainsi que le décret N°2021-0355/P-T mettant fin aux fonctions du Premier ministre et des membres du gouvernement datent du 24 mai 2021. C’est ce même jour en début de soirée que le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane ont été conduits à Kati par les hommes du colonel Assimi Goïta. Soit quelques heures après la publication de la liste des membres du Gouvernement Moctar Ouane II.
Curieusement, le 25 mai, le communiqué de presse rendu public par le cabinet du vice-président et lu à la télévision nationale ne faisait pas mention des démissions mais plutôt la mise du président de la Transition et de son Premier ministre « hors de leurs prérogatives ». Et c’est finalement le lendemain 26 mai que l’information sur la démission de Bah Ndaw et de Moctar Ouane est officialisée, quand l’équipe de médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), conduite par l’ancien président nigérian GoodLuck Jonathan, a voulu rendre visite aux deux détenus.
Ces détails ont sûrement échappé aux réalisateurs qui ont préparé la mise en scène du départ forcé et inattendu du président de la Transition et de son Premier ministre, pour installer aux commandes le colonel Assimi Goïta.
Selon Me Abdrahamane Ben Mamata, « la Cour constitutionnelle a oublié le communiqué dans lequel il était dit que le président a été mis hors de ses prérogatives. Ce communiqué a précédé la lettre de démission qui a permis la constatation de la vacance… Après l’Acte fondamental, la Charte, nous avons l’arrêt de principe qui consacre le coup d’Etat comme mode d’accession au pouvoir en République du Mali. La pratique constitutionnelle malienne s’enrichit ! ».
Comme l’écrivait Me Alassane Diop, le Mali a un incroyable talent. Le Mali n’avait pas besoin de ces gymnastiques intellectuelles pour jeter davantage de discrédit sur le pays à l’échelle internationale. Le manque de courage d’assumer les coups de force du 18 août 2020 et du 24 mai 2021, a poussé le colonel Assimi Goïta et ses compagnons à s’adonner à un bricolage politico-juridique.
L’enjeu de ce qui se passe actuellement est sans doute l’après Transition. Les jeunes militaires sont inquiets pour leur avenir. N’étant plus sûrs de la protection du duo Bah Ndaw et Moctar Ouane, ils manœuvrent pour maintenir leur influence afin de s’assurer que celui qui va prendre la tête de la République à l’issue des élections ne va pas leur causer des ennuis. La série-suspense ne fait que commencer. Que Dieu préserve le Mali !