»Entre Nous »: Balayons devant nous d’abord !

Le Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tenu le 30 mai 2021 à Accra, a examiné la situation politique au Mali. Les chefs d’Etat ont condamné fermement le coup d’Etat du 24 mai 2021 avant de demander la libération immédiate de l’ancien président de la Transition, du Premier ministre et de leurs collaborateurs en résidence surveillée.
Les chefs d’État et de gouvernement ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO conformément aux dispositions de l’organisation sous-régionale. Ils ont appelé à la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil et la formation d’un nouveau gouvernement inclusif pour poursuivre le programme de Transition. Ils ont réitéré la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois décidée à Accra et rappelé que « dans ce contexte, la date du 27 février 2022 déjà annoncée pour l’élection présidentielle devrait être absolument maintenue ». Ils ont aussi réitéré leurs décisions antérieures selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président et le premier ministre de la transition ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle.
En privilégiant la suspension du Mali de ses instances, la CEDEAO met les Maliens en général et les colonels du Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP) en particulier devant leur responsabilité. La balle est donc dans le camp du colonel Assimi Goïta, de son Premier ministre, de la future équipe gouvernementale mais aussi de l’ensemble des forces politiques et sociales.
Mettons nous ensemble si nous voulons que les autres ne décident pas à notre place. Arrêtons les manipulations consistant à rejeter sur les autres les origines des maux qui minent le Mali.
Pourquoi une frange importante des Maliens préfère-t-elle mettre en avant leurs intérêts sordides plutôt que de défendre le Mali ? Est-ce la faute à la Cédéao, à la France, aux USA ou à la Communauté internationale, si nous n’aimions pas notre pays ? Est-ce la faute à la Cédéao, à la France, aux USA ou à la communauté internationale si nous détournions des milliards des caisses publiques ? Est-ce la faute à la Cédéao, à la France, aux USA ou à la communauté internationale si l’élite dirigeante malienne s’enrichit en un laps de temps au moment où l’écrasante majorité de la population vit dans la misère totale ? Est-ce la faute à la Cédéao, à la France, aux USA ou à la communauté internationale si des chefs militaires achètent des matériels obsolètes ou détournent une partie de fonds destinés aux troupes ? Est-ce la faute à la Cedeao, à la France, aux USA ou à la communauté internationale si certains d’entre nous encaissent des salaires des milliers de fonctionnaires (civils ou militaires) fictifs ? Est-ce la faute à la Cédéao, à la France, aux USA ou à la communauté internationale si nous avons tourné le dos à certaines de nos valeurs pour devenir des laudateurs prêts à vendre leur âme au plus offrant ?
Balayons devant nous d’abord ! Soyons tous des patriotes capables de défendre les intérêts supérieurs de la patrie. Le plus grand défi pour nous consiste à créer les conditions pouvant nous permettre de mieux défendre nos intérêts stratégiques. Une intelligence d’esprit est nécessaire dans un environnement hostile.
Chiaka Doumbia/Le Challenger