»Entre Nous »: Alerte !!!

La toile s’est enflammée le samedi 20 août 2021, suite à la diffusion d’une information faisant état du refus des militaires du poste de Boni de laisser partir par Hélicoptère les hauts gradés dépêchés sur place après l’embuscade de la veille. Les hommes de Boni voulaient, lisait-on sur les réseaux sociaux, que leurs chefs venus par les airs empruntent la route avec eux pour se rendre compte de leur calvaire. Par le biais des mêmes systèmes d’information, on a appris que la délégation militaire a finalement regagné Sevaré par hélicoptère après avoir une nuit passée sur place.
Sur la page facebook des FAMa, on pouvait lire ce message : « Des esprits mal intentionnés cherchent à semer la zizanie dans les rangs des FAMa. Des informations erronées font état de rassemblements des hommes dans plusieurs casernes militaires pour affronter la hiérarchie militaire. Ces informations sont fausses et relèvent de la pire calomnie. Restons soudés pour le rayonnement de nos FAMa. »
Aucune allusion à Boni. Difficile pour les communicants de l’Armée malienne d’étaler des tels incidents sur la place publique. Dans un contexte politico-militaire aussi sensible comme celui du Mali, la gestion de tels incidents par la hiérarchie militaire revient ce célèbre dicton chinois : « C’est au moment où tu vois un moustique se poser sur tes testicules que tu te rends compte qu’il y a moyen de régler certains problèmes autrement que par la violence. » En un mot, le commandement militaire ne peut pas prendre des sanctions contre leurs fantassins à Boni au risque de soulever une vague.
La discipline est la colonne vertébrale de toute armée. Sans discipline, pas d’armée. Il ne faut donc aucunement encourager les fauteurs d’indiscipline au sein de la grande muette. Mais, il faut aussi avoir le courage de dire certaines vérités. Du capitaine Amadou Haya Sanogo au colonel Assimi Goïta, l’indiscipline a pénétré l’armée malienne avec la montée en puissance des officiers subalternes qui en imposent à leurs supérieurs. Comme en 2012, les colonels du CNSP, maîtres du pays depuis le 18 août 2020, ont mis à la touche tous les officiers généraux à l’exception de deux. Le premier général Oumar Diarra, chef d’état-major de l’Armée de terre au moment des événements, a été promu au poste du chef d’état-major général des armées. Quant au second, le général Souleymane Doucouré, l’un des officiers les plus brillants de sa génération, chef d’état-major de l’Armée de l’air, a été nommé secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants. Promu ministre de la défense et des anciens combattants dans le gouvernement mort-né Moctar Ouane II, le général Doucouré est privé de sa liberté depuis le 21 mai 2021.
Ce qui s’est passé à Boni doit être pris par le président de Transition, Col. Assimi Goïta et ses compagnons du CNPS, comme une alerte. Les hommes ne sont pas contents et observent depuis leurs différents postes les luttes pour le contrôle du pouvoir d’Etat. Ils observent aussi la vitesse vertigineuse avec laquelle certains de leurs compagnons d’armes deviennent riches, suite aux coups de force ayant déstabilisé les institutions de la République. Les bruits de Boni, loin d’être un cas isolé, fragilisent davantage les autorités de la Transition. Surtout en un moment où le chef de l’Etat et le gouvernement de Transition sont soupçonnés d’être derrière des manœuvres visant à prolonger la Transition au-delà des 18 mois. Il faut donc comprendre et prendre au sérieux le message de Boni.
Chiaka Doumbia/Le Challenger