»Entre Nous »: L’appel au sursaut national

Après une rencontre de plus de trois heures à la résidence Chérifla de Sébénikoro, le samedi 28 août 2021, les dignitaires religieux du Mali ont rendu public le lundi dernier un document intitulé « Message des leaders religieux au peuple malien ». Le message est signé par Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCI) ; le cardinal Jean Zerbo, archevêque métropolitain de Bamako et le Révérend Nouh Ag Infa Yattara, délégué général de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes évangéliques du Mali (AGEMPEM). Ce message a été rendu public le 30 août au siège du Haut Conseil islamique en présence de l’imam Mahmoud Dicko, président du CIMD (Centre Imam Mahmoud Dicko), lequel est à l’origine de ce rassemblement des dignitaires religieux.
Dans le message, les leaders religieux du Mali saluent les autorités de la transition. Ils exhortent le président de la transition, le gouvernement, l’ensemble des institutions de la République, les organisations de la société civile et les partis politiques, les groupes armés signataires, les groupes armés en belligérance, chacun en ce qui le concerne, à prendre toutes les mesures en vue d’une transition apaisée, inclusive et consensuelle. Ils lancent un appel aux Maliens et aux Maliennes pour un sursaut national, un changement de comportement et une mobilisation pour la paix et la stabilité. Ils prennent devant Dieu et le monde « l’engagement à poursuivre leur mission spirituelle et patriotique, la main dans la main, pour la refondation de l’Etat et la réussite de la transition ». Enfin, ils appellent à la prière pour la Patrie.
Après cet appel, Boubacar Ba, coordinateur scientifique du Centre CIMD, a donné quelques détails sur les prochaines étapes qui se déclinent en quatre points : rencontrer les autorités de la transition dans les jours à venir ; définir un chronogramme et leur approche d’intervention ; amorcer un plaidoyer pour la paix et la réconciliation auprès des gouvernants et acteurs sociaux, des acteurs armés en belligérance et de la communauté internationale et, enfin, organiser une journée de prière pour le retour de la paix au Mali.En cette période d’incertitudes, d’inquiétudes et d’interrogations, les dignitaires religieux en se mettant ensemble envoient un message fort à ceux qui détiennent les commandes du pays, à la classe politique mais aussi à leurs partisans. Car, ces derniers temps, certaines tendances de la communauté musulmane ont affiché de très grandes incompréhensions. Sans oublier les sorties de la communauté chrétienne contre le ministre du Culte et des Affaires religieuses qui a fait une bourde mettant à mal la laïcité de la République. Avant d’être chrétien, musulman ou athée, on est Malien. Comme hier, les dignitaires religieux se sentent aujourd’hui interpellés par la gravité de la situation du pays et surtout par l’urgence d’agir afin de sauver ce qui peut l’être. L’appel aux Maliens et aux Maliennes pour un sursaut national, un changement de comportement et une mobilisation pour la paix et la stabilité, tombe au moment où le gouvernement de transition et une partie importante de la classe politique peinent à se mettre d’accord sur la marche à suivre afin de refermer rapidement cette parenthèse ouverte le 18 août 2020, suite au coup d’Etat contre le président Ibrahim Boubacar Kéita. Dans un tel contexte, un des vœux les plus chers des leaders religieux, à savoir une « transition apaisée, inclusive et consensuelle », sera difficilement exaucé. D’un côté comme de l’autre, des égos surdimensionnés ont plombé la marche de la transition, prise en otage par un groupe d’officiers et d’hommes politiques qui semblent être partis pour confisquer les aspirations populaires en concoctant un plan visant à leur permettre de s’éterniser au pouvoir.

Chiaka Doumbia/Le Challenger

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