Incarcération et exfiltration du commissaire divisionnaire Oumar Samaké : Le silence assourdissant du Colonel Goïta !

Le président de la Transition, Col. Assimi Goïta et le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, observent un étrange silence suite aux événements du 03 septembre avec l’incarcération puis l’exfiltration du commissaire divisionnaire Oumar Samaké, commandant de la composante police de la Force spéciale anti terroriste (FORSAT).

Des milliers de policiers en mouvement vers la Maison centrale d’Arrêt de Bamako pour libérer le commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, Commandant du Groupement d’intervention de la Police nationale, non moins chef de la composante police de la Forsat. Des images surréalistes ! On n’est pas en Guinée Conakry où Feu Lassana Conté s’était déplacé en personne pour extraire son ami Fodé Sylla de la prison civile en disant : « La loi, c’est moi ». Mais nous sommes bien au Mali, sous Col. Assimi Goïta et Dr Choguel Kokalla Maïga. Quelques heures auparavant, le haut fonctionnaire de la police à la tête d’une unité d’élite avait été inculpé et placé sous mandat de dépôt par un juge d’instruction du Tribunal de grande instance de la Commune III de Bamako, dans l’enquête concernant les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020. Le regroupement des policiers est intervenu dans l’après-midi, suite à un appel de rassemblement lancé par la Synergie des syndicats de la Police nationale. « C’est inacceptable de laisser les vrais commanditaires en liberté et arrêter nos éléments, nous réclamons tout simplement leur libération ». « A bat une justice sélective ». « Cette démonstration de force était juste, nécessaire et motivée. La Police a trop subi. Trop, c’est trop ». Voilà, quelques maîtres mots lancés par des limiers en colère.

Exfiltration par la gendarmerie

Contrairement à certaines informations véhiculées ça et là, il y a plutôt une gestion intelligente de cet incident qui a failli basculer la République dans le chaos. Suite aux tractations au sommet de l’Etat impliquant la justice, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké a été exfiltré de la Maison centrale d’Arrêt pour le Camp I, par la gendarmerie. Cette opération est intervenue avant l’arrivée des policiers devant la MCA. De la gendarmerie, le commandant Samaké a été ramené devant la Prison centrale pour convaincre ceux qui étaient là de quitter les lieux.

L’association malienne des droits de l’homme (AMDH) « fustige cette obstruction au travail de la Justice par des agents chargés de l’application de la loi et les encourage à la retenue et au respect des règles de la déontologie et des principes républicains ». Pour Moussa Mara, « cet acte constitue un précèdent dangereux contre l’Etat de droit et menace sérieusement la cohésion de notre pays ». Le syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le syndicat libre de la magistrature (Sylima) dans un communiqué conjoint parlent de rébellion d’un groupe d’agents de sécurité lourdement armés. « Faute d’actions rigoureuses et vérifiables dans les meilleurs délais contre les auteurs et complices de cette rébellion, les syndicats de magistrats en tireront les conséquences par des actions syndicales dissuasives pour vaincre toute atteinte à l’autorité et à l’indépendance du pouvoir judiciaire », menacent-ils. La jeunesse se réclamant du M5-RFP lance un ultimatum de 72 heures aux autorités pour le retour du commissaire divisionnaire en prison. Ni le président de Transition, ni le Premier ministre, n’ont fait une déclaration sur cette situation. Un étrange silence ! Un silence dicté par la complexité de la situation et l’extrême fragilité du processus de transition qui peut dérailler à tout moment. Il faut se détromper, les actions menées par les éléments de la Police nationale ne déplaisent pas à d’autres corps des Forces armées de défense et de sécurité. Ni la garde nationale, ni la gendarmerie, encore moins l’armée n’auraient été chaudes pour « mater » un tel rassemblement. Un gouvernement de Transition qui détient sa légitimité des armes et de la rue ne peut pas mener certaines actions.

Jouons à l’apaisement

Ce qui s’est passé le 03 septembre dernier est à la fois regrettable et condamnable, mais prévisible dans le contexte de confusion généralisée. Une confusion accentuée par le sentiment d’une justice téléguidée dont les décisions à prendre seraient dictées par d’autres paramètres.  « Tout en réaffirmant son attachement profond à la justice et à la manifestation de la vérité, toute la vérité, dans toutes les affaires, le mouvement note avec inquiétude que la gestion, depuis quelque temps, d’importants dossiers donne le sentiment à une frange non négligeable des justiciables d’une justice à vitesses multiples et sélective, ainsi que d’une absence d’équité dans sa distribution. Les événements d’hier en sont l’illustration parfaite. De manière surprenante, une affaire judiciaire dont l’enquête porte sur les 10, 11 et 12 juillet 2020, n’a connu d’avancée que sur une partie des événements.  Tout en condamnant fermement l’acte intolérable posé par des agents des forces de l’ordre, le MNH-FASO JO SIRA, estime que les suites légales accordées à plusieurs affaires dont celle dite des 10, 11 et 12 juillet, donnent la malheureuse impression d’une politisation de la justice. Le MNH-FASO JO SIRA regrette et s’inquiète que ce sentiment soit aujourd’hui fortement ressenti jusque dans les rangs de nos forces de sécurité, les conduisant à vouloir se rendre justice en imposant la libération d’un des leurs », souligne le Mouvement Nouvel Horizon – Faso Jo Sira dans un communiqué sur la situation socio-politique.

Jouons à l’apaisement et analysons froidement les événements en cours. Il ne faut pas se tromper d’adversaires ni d’ennemis. A vouloir trop tirer sur la corde, le reste de l’édifice risque de s’écrouler. Chacun doit faire preuve de responsabilité afin que le Mali ne bascule pas davantage vers l’anarchie. Pour cela, il faut s’abstenir de toute action pouvant jeter l’huile sur le feu. Dans l’état actuel des choses et surtout compte tenu des périls, les impératifs de sécurité nationale priment sur toute autre considération. Il revient maintenant au colonel Assimi Goïta de comprendre cela et de travailler à gérer cette situation, avec tact et intelligence.

CD/Le Challenger

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