»Entre Nous »: Menaces sur la gouvernance de rupture

Le Conseil National de Transition a adopté, le 21 février dernier, au cours d’une plénière le projet de loi portant révision de la Charte de la Transition.
Sur la forme, la procédure respecte la législation en vigueur qui laisse l’initiative au Président de la Transition et au CNT de proposer la révision.
Sur le fond, deux points constituent des handicaps à la gouvernance de rupture qu’ambitionnent de pratiquer les autorités de la Transition. Il s’agit de l’augmentation du nombre des membres du CNT et de la levée du verrou qui limitait le gouvernement de Transition à 25 membres. En effet, l’aliéna 3 de l’article 11 de la Charte du 12 septembre 2020 stipulait : « le gouvernement de la Transition est constitué de vingt-cinq (25) membres au plus ».
Les participants aux concertations nationales de septembre 2020 initiées par le Conseil national pour le salut du Peuple (CNSP) au lendemain du coup d’Etat contre le Président Ibrahim Boubacar KEÏTA, avaient de façon souveraine, fixé le nombre des membres du CNT à 121. Il s’agissait pour les participants de réduire les charges des organes de Transition dans un contexte de rareté des ressources financières.
Si le Président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar OUANE ont respecté scrupuleusement la Charte en limitant l’équipe gouvernementale à 25 ministres, le duo Assimi-Choguel a nommé 28 membres au gouvernement dont trois (3) ministres délégués. Avec cette nouvelle mouture de la Charte, la taille du gouvernement va augmenter.
Le CNT a aussi grossi de 26 membres. Cette fois-ci, officiellement, le M5-RFP va envoyer des représentants au CNT.
Dans une lettre ouverte en date du 07 janvier dernier, Cheick Oumar SISSOKO, Konimba SIDIBE, Mohamed Ali BATHILY, Mme Sy Kadiatou SOW, Aliou SANKARE et Modibo SIDIBE ont rappelé que «A ce jour, la position officielle du M5-RFP est que cette institution est illégale et illégitime. Le M5-RFP doit-il profiter de la nomination de nouveaux membres du CNT en remplacement des démissionnaires pour y envoyer des représentants en catimini sans que ce dossier ne soit vidé ? Ce serait manifestement emprunter la voie des mauvaises pratiques de gouvernance et cela nous éloignerait de la transition de rupture que nous voulons pour bâtir le Mali Kura », peut-on lire dans la correspondance.
L’augmentation de la taille du gouvernement et du CNT est synonyme de plus de dépenses.
Pourquoi ne pas nommer une équipe de 20 membres pour cette période cruciale afin de soulager le Trésor public ? En quoi l’augmentation de la taille du CNT est importante pour le Mali ? Le rassemblement autour du Mali n’est pas synonyme de nomination à des postes dans le gouvernement. La classe politique, la société civile, le Président de Transition et son gouvernement sont tous interpellés.
Chiaka Doumbia/Le Challenger