»Entre Nous »:La note salée de la Minusma

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) a publié, le 30 mai dernier, «sa note trimestrielle sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire dans le pays couvrant la période du 1er janvier au 31 mars 2022».
«Durant cette période, la MINUSMA a recensé 812 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire. Ces données documentées représentent une augmentation de 151% comparativement au trimestre précédent. Le nombre de personnes tuées a connu une hausse exponentielle de près de 324%. Sur la période, les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées à certaines occasions par des éléments militaires étrangers, ont multiplié les opérations militaires de lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre de l’opération Keletigui dont certaines se sont parfois soldées par des allégations graves de violations des droits de l’homme et/ou du droit international humanitaire. Ainsi, sur la période concernée, 320 violations de droits de l’homme ont été attribuées aux forces de défense et de sécurité maliennes alors qu’au dernier trimestre de l’année 2021 seulement 31 violations leur étaient imputables », peut-on lire dans un communiqué de presse publié le même jour par la mission onusienne.
«Les régions du centre (Bandiagara, Bankass, Djenne, Koro, Mopti, Ségou) restent les plus affectées par les différents actes de violence. La situation sécuritaire s’est également considérablement détériorée dans les régions de Gao et de Ménaka en raison d’affrontements armés entre les éléments du Mouvement pour le salut de l’Azawad-Daoussahak/Groupe d’auto-défense Touareg Imghad et alliés (MSA-D/GATIA) et ceux de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et/ou d’attaques contre les populations civiles. Dans le sud du pays, la situation sécuritaire est demeurée également préoccupante notamment dans les régions de Koutiala, Nara et Sikasso. La période a aussi été marquée par une série d’incidents dans la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, y compris le meurtre d’environ 52 civils mauritaniens », poursuit le communiqué.
«Enfin, le rétrécissement continu de l’espace civique et du débat démocratique ainsi que la restriction dans l’exercice des libertés publiques ont soulevé de vives préoccupations aussi bien de la part de l’Expert Indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, que de la Commission nationale des droits de l’homme du Mali, ainsi que de nombreuses organisations de promotion et de défense de la liberté d’expression et d’information », ajoute le texte. Avant de conclure : « La MINUSMA note les efforts des autorités de la Transition dans le cadre de la lutte contre l’impunité qui ont annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes sur des allégations de violations de droits de l’homme et des atteintes à ces droits, réitère sa détermination et sa disponibilité à les appuyer afin que les auteurs de ces actes soient traduits devant la justice ».La note de la Mission onusienne, qui paraît salée aux yeux de certains Maliens, a été soumise au gouvernement qui n’a pas encore rendu publiques ses observations. L’opinion attend les réactions de son porte-parole, et éventuellement du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ou son collègue de la Justice et des Droits de l’homme. Impossible à la Minusma d’échapper à son tour à des constats, voire des critiques dans la mesure durant la dizaine d’années de sa présence sur notre sol, elle a assisté impuissante, selon une partie de l’opinion, à toutes sortes de violations de droits de l’homme.
Il est incontestable que cette énième note de la Minusma, dont le renouvellement du mandat est au cœur de moult interrogations, remue le couteau dans les plaies. Mais il est indéniable aussi que la question demeure la suivante : dans ce drame à ciel ouvert qui a eu lieu dans notre pays depuis 2012, occasionnant des milliers et des milliers d’innocents-jeunes, adultes, femmes- tués, traumatisés, déplacés, exilés etc., qui est réellement responsable de quoi?

Chiaka Doumbia/Le Challenger

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