Entre Nous : Deux poids, deux mesures ?

 

L’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière et ses partenaires se sont toujours heurtés au refus des autorités dans leur volonté de manifester contre ce fléau.

Sur ordre du gouvernement, le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille a interdit toutes les activités, y compris celles des organisations de la société civile, dans le cadre des seize (16) jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Ceux ou celles qui ont voulu en savoir plus auprès du département en charge de la promotion de la femme ont eu comme motif : « la raison d’Etat ».

La demande d’une marche blanche contre le cancer de l’Amicale des femmes d’une société de télécommunications a été rejetée par les autorités administratives du district de Bamako.

Le 14 janvier dernier, les partisans de l’Imam Mahmoud Dicko de retour d’Arabie Saoudite où il fut désigné membre permanent de la ligue islamique mondiale ont été aspergés de gaz lacrymogène par les forces de sécurité. Quelques jours après, le Directeur général de la Police nationale, l’Inspecteur général Souleimane Traoré a fait une intervention sur la télévision nationale pour justifier les actes posés pour le respect des dispositions d’interdiction de marches et de cortèges édictées par les hautes autorités du pays.

Le 2 février, le gouverneur du district de Bamako a donné un avis défavorable à la demande de meeting que le Cadre des partis politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel voulait organiser à la Place Obélisque sise à Hamdallaye ACI 2000. Motifs avancés : situation sécuritaire du pays. D’autres demandes de marche ont été refusées pour le même motif.

Quelques heures après cette décision, un groupe de personnes a manifesté devant le quartier général de la Mission multidimensionnelle des nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Avant cet attroupement, des informations véhiculées par des canaux de propagande ont inondé les réseaux sociaux en tentant de faire croire à l’opinion que la défenseure des droits de l’homme, Mme Aminata Cheick Dicko se serait réfugiée au QG de la mission onusienne. Ils promettent de revenir et de rester sur place si la défenseure des droits de l’homme n’est pas remise à la justice malienne. À la tête de ce mouvement, certains activistes et vidéomans connus comme des soutiens inconditionnels des autorités de la transition. Ces manifestants n’ont pas été gazés. Or, ils ont manifesté dans une zone sensible qui est celle de l’aéroport.

En septembre dernier, de son retour de l’Assemblée générale de l’Onu, le Premier ministre par intérim, Colonel Abdoulaye Maïga a été accueilli par une grande manifestation de l’aéroport à la cité administrative.

Certains citoyens sont tolérés tandis que d’autres sont durement réprimés, ce que l’on appelle la politique de deux poids, deux mesures. La refondation ne peut pas s’accommoder avec de telles pratiques, jadis dénoncées. Il n’est pas possible d’arriver à une cohésion, à une union sacrée des maliens avec de telles injustices, qui consistent à accorder des traitements préférentiels à certains citoyens et à catégoriser d’autres comme de pires ennemis.

Par Chiaka Doumbia/Le Challenger

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